Accompagnant Éducatif et Social - Son rôle face à l'isolement et à la dépendance - 1901 Formation
  • DEAES - Accompagnant Educatif et Social

Le rôle de l’AES face à la dépendance et à l’isolement

L’Accompagnant Éducatif et Social a un rôle central dans l’accompagnement de la dépendance et de l’isolement. Il doit faire preuve d’un certain nombre de qualités humaines nécessaires à cet accompagnement. Nous en parlons longuement dans cet article.

Le rôle de l’AES dans la dépendance et dans l’isolement

L’AES est, comme son nom l’indique, un accompagnant formé à l’éducatif et le social. Ici, ce qui nous intéresse est le terme « social » : l’AES est, dans l’institution, le créateur premier du lien social avec le résident, avec la personne dépendante. Qu’il soit handicapé sensoriellement, physiquement, mentalement ou vieillissant, le résident dépendant est dans une position d’appel à l’aide, et souvent d’isolement.

Cette situation suscite des émotions, des sentiments négatifs de dépression et d’abandon. Il est donc nécessaire qu’un professionnel bienveillant puisse intervenir dans les meilleures conditions humaines et facilitantes, afin de permettre au résident de récupérer un certain confort physique et psychique. Bienveillant, autrement dit faisant preuve d’empathie, pouvant se mettre à la place de la personne.

Pensons, par exemple, à un résident vieillissant en fauteuil isolé dans sa chambre, qui a perdu sa motricité, et dont la volonté psychique de continuer à vivre se réduit. Il souffre d’angoisses d’abandon, de fatigue et d’épuisement psychologique.
C’est une situation que l’on rencontre souvent en structure pour les personnes vieillissantes : la mort se rapproche, et les professionnels doivent apprendre à aider à gérer les angoisses associées à cet état. L’AES doit savoir prendre en compte cette réalité et s’en saisir : il n’est pas un simple exécutant et doit donc faire preuve d’écoute, d’empathie et de bienveillance, en ayant la capacité et la volonté de se substituer à la réalité de l’isolement du résident dépendant.

Accompagnant Éducatif et Social : cas clinique

Citons un cas clinique pour illustrer ces idées :

Mme M., âgée de 85 ans, a une démence assez avancée, ne voit plus très bien. Elle est en fauteuil roulant. Après chaque repas, elle attend qu’on vienne s’occuper d’elle pour la remonter à l’étage.
Ariane, AES, arrive pour la voir et lui demande avec tact et attention :

“Comment allez-vous Mme M. ? Voulez-vous que je vous aide à monter à l’étage ?”
“J’ai peur, je me sens fatiguée. Pouvez-vous m’aider ?” Répond Mme A. avec fébrilité

Tout en lui mettant la main sur l’épaule, l’AES dit :

“Bien sûr Mme M. Ne vous inquiétez pas je suis là pour vous aider. Rassurez-vous.”
Une fois montée, L’AES propose à la résidente :
“Désirez-vous que je reste un peu avec vous pour discuter ?”
“Oui avec plaisir. Vous savez que j’étais banquière mon mari travaillait avec moi… ”

Dans ce cas présent, nous pouvons noter l’importance des qualités de l’AES mentionnées ci-dessus, à savoir tact, présence, bienveillance, écoute et empathie.

En effet, ici, il est important pour l’AES de repérer l’isolement ainsi que la difficulté physique et psychique de la résidente qui exprime sa peur et sa fatigue.
Quand on accompagne une personne, ce sont des moments importants, que l’AES doit saisir pour rassurer la résidente et lui montrer que cette dernière peut avoir confiance en elle.
En effet, dans le dialogue ci-dessus, on remarque que l’AES a des mots, mais aussi des gestes rassurants. Ce sont ces moments qui pourront éventuellement rompre partiellement la sensation d’isolement du résident.

Positionnement professionnel et questionnement de l’AES

L’AES doit donc pouvoir s’interroger sur sa pratique quotidienne en se posant aussi régulièrement les questions suivantes :

Suis-je un bon praticien ? Est-ce que je suis capable de me remettre en question sur ma pratique ?
Suis-je assez bienveillant face aux résidents sachant qu’ils ont besoin de moi et de mes collègues ?
Suis-je assez présent auprès d’eux pour apporter des compensations à leur handicap et à leur dépendance ?
Est-ce que je suis suffisamment capable d’avoir de l’empathie en me mettant à leur place et en imaginant un tant soit peu ce qu’ils peuvent ressentir en étant isolé la majeure partie du temps ?
Est-ce que je pense même à me poser cette question ?
Enfin, est ce que je prends assez de temps pour leur proposer des activités qui les sortira de l’isolement ?

Accompagnant Educatif et Social : l’importance de l’animation

En effet, l’AES est aussi celui qui va proposer des activités au résident afin de le sortir le plus possible de l’isolement et des idées dépressives associées.
Il pourra ainsi s’associer à l’animateur, au psychologue ou encore au kinésithérapeute en proposant des activités de stimulation cognitive telles que les ateliers mémoire ou les jeux de mots.
Il pourra aussi proposer des activités de stimulation motrice telle que le jardinage ou une promenade au parc.

Au-delà de la stimulation cognitive ou motrice, le véritable apport d’une activité est la mise en lumière du résident par l’AES à savoir que le professionnel doit avant tout apporter de la confiance et de la joie – notion dont on ne parle pratiquement jamais, mais qui pourtant est quelque chose d’important pour un résident isolé ou déprimé.

L’idée est d’apporter un confort au résident tout en lui signifiant qu’il est encore dans la capacité de faire certaines choses grâce aux activités et non de le laisser de côté, ou de faire à sa place par facilité.

Citons par exemple le cas d’une résidente, Mme B., ayant la maladie d’Alzheimer. Cette dernière souffre d’angoisses liées à sa perte de mémoire, et se dévalorise régulièrement en exprimant sa frustration de ne pouvoir se souvenir des mots et d’une partie de son passé.
“Je suis bonne à rien… je veux rentrer chez moi… ”
“Mme B. je vous propose de participer à un atelier mémoire. Vous allez passer un bon moment.”, propose Ariane, AES.

Ici, il est à noter l’importance de rebondir sur la souffrance de Mme B. L’AES doit encore une fois se saisir du ressenti exprimé en proposant une activité et en valorisant par la suite ses acquis lors de l’activité :
“Je me souviens dans le temps j’étais architecte je m’occupais des plans du Louvre…”, exprime Mme B. lors d’un atelier
“Vous voyez Mme B. vous avez des souvenirs de votre passé. C’est un très beau métier : Architecte. Pouvez-vous nous en dire plus ?”

Ainsi, dans l’abandon et la non stimulation des capacités encore présentes, le résident se renferme, il cogite en se rappelant qu’il est incapable de faire seul, se sent délaissé, et les idées dépressives et mortifères déjà présentes s’amplifient. L’AES doit donc être un garant de l’autonomie en étant le plus souvent bienveillant mais surtout présent et stimulant auprès du résident. Autrement dit, il doit préserver au maximum l’autonomie de la personne accompagnée.

Toucher relationnel et autonomie

Cette bienveillance se retrouve aussi dans un acte quotidien et essentiel de la vie du résident : la toilette.
L’AES est non seulement un garant de la bientraitance lors de cet acte, mais c’est aussi un moment où le résident dévoile son intimité et rappelle encore son incapacité à faire seul.

Le soignant devra donc encore une fois faire preuve de bienveillance mais aussi de tact et de respect dans son accompagnement, afin que le résident puisse passer un moment agréable et confortable.
Il n’est bien-sûr pas possible de rendre autonome lors de sa toilette ou d’un transfert un résident dépendant, mais il est dans la capacité du professionnel d’offrir des instants de confort bienveillant. Ceci relève même de sa responsabilité et de sa déontologie.
Ne pouvoir se substituer à la dépendance ne veut pas dire se dérober à sa responsabilité de préserver l’autonomie restante et d’accompagner de manière bienveillante la dépendance.

Rappelons qu’un résident est contraint de vivre plusieurs moments d’isolement puisqu’un soignant ne peut pas être toujours présent.
Le soignant n’est pas non plus tout puissant et ne peut donc faire disparaître le mal-être du résident.
Il n’en reste pas moins vrai qu’en cultivant des qualités d’empathie et d’écoute, un AES devient un vrai professionnel de la santé. Le résident vit ainsi de réels moments d’accompagnement, où la réalité de l’isolement et de la dépendance s’effacent quelques instants dans la journée.

Les qualités de l’AES et la formation DEAES

En conclusion, nous pourrions donc dire que le rôle de l’AES face à la dépendance et à l’isolement du résident est le suivant :

  • Avoir de l’empathie et de la bienveillance ;
  • Prendre en compte la réalité physique et psychique du résident ;
  • Être présent le plus souvent possible en sachant écouter le résident ;
  • Proposer des activités de stimulation le plus souvent possible ;
  • Mettre en lumière les capacités du résident ;
  • Apporter du bien-être, de la confiance en soi et de la joie au résident ;
  • Atténuer le plus possible les angoisses d’abandon et la dépression grâce à la bienveillance ;

Ces qualités, si importantes soient-elles, ne s’acquièrent pas comme par enchantement. Faire une formation DEAES est une chose, et avoir ces qualités humaines au départ est important, mais elles seront surtout mises à l’épreuve de la réalité du terrain en stage pratique. C’est pourquoi les périodes de stage sont si importantes dans ce type de formation, confrontant le stagiaire a ses propres limites et à la réalité du terrain. Surtout sur des périodes de stage pratique de deux mois.

Dernière modification le 27/03/2024

Découvrez les dernières actualités dans la catégorie : DEAES - Accompagnant Educatif et Social